Docteur Zozo Musafiri: « Je suis très fier de ce que nous avons réalisé ensemble. »

Médecins Sans Vacances a collaboré avec la Province du Sud Kivu pour l’élaboration, validation et diffusion des protocoles des urgences pédiatriques qui maintenant sont d’application dans tous les hôpitaux de la province du Sud-Kivu (Est du Congo). Le docteur Zozo Musafiri est fier de continuer à étendre les bonnes pratiques dans tout le pays. A […]

Médecins Sans Vacances a collaboré avec la Province du Sud Kivu pour l’élaboration, validation et diffusion des protocoles des urgences pédiatriques qui maintenant sont d’application dans tous les hôpitaux de la province du Sud-Kivu (Est du Congo). Le docteur Zozo Musafiri est fier de continuer à étendre les bonnes pratiques dans tout le pays.

A chaque fois, je pense quelle différence cela représente, non seulement pour moi professionnellement et personnellement, mais également pour toute la RD du Congo ou les vies des enfants sont sauvées avec des gestes simples.

Système de santé public

Le docteur Zozo Musafiri est lui-même médecin et travaillait dans l’hôpital général de référence de Walungu, dans la province du Sud-Kivu, lorsqu’il a rencontré pour la première fois des volontaires de Médecins Sans Vacances. « Je venais de terminer mes études, pratiquement au début de ma carrière et je pratiquais des interventions basiques comme des césariennes ou des appendicectomies. Les médecins spécialistes, volontaires MSV m’ont encadré, m’ont assisté, n’ont appris à faire des interventions plus complexes de sorte que je puisse par après les pratiquer de moi-même et aider la population, ce qui était important, a son temps les spécialistes étaient rares et que les malades n’avaient pas des possibilités de se déplacer vers les grands hôpitaux en ville».  C’était de 2003 à 2006.

En 2006, j’ai été promis en province, pour travailler dans le domaine de santé publique.

En 2009, j’ai été nommé comme responsable pour la mise en œuvre des activités de soins de santé primaires, dont une tâche était l’appui technique, gestionnaire et managérial aux hôpitaux. Il y est aujourd’hui responsable de l’encadrement de 34 hôpitaux et de 643 centres de santé

En 2013, «J’ai initié un travail sur la standardisation de la prise en charge des pathologies les plus fréquentes dans les hôpitaux, en impliquant les différents spécialistes selon les services classiques (pédiatrie, chirurgie, maternité et médecine interne. Nous avons par la suite rédigé des protocoles pour ces maladies. »

Urgences pédiatriques

La même année, le docteur Marcellin Karubara Médecin Conseil Médecins Sans Vacances, basé au Burundi en mission en RDC. « Il est venu me voir avec le pédiatre volontaire Belge Douchan Beghin. A ce moment-là, ils travaillaient sur les protocoles dans les hôpitaux du réseaux BDOM) ».

Il y a eu de nombreuses et longues réunions pour trouver la bonne approche. « Nous nous sommes mis d’accord pour mettre l’accent sur les urgences pédiatriques. D’après nos statistiques, les enfants qui arrivaient dans un tableau d’urgence exemple coma, anémie ou urgence respiratoire (détresse ou asphyxie respiratoire) dans nos hôpitaux, la mortalité était plus élevée dans les 48 heures. Nos soignants ne disposaient pas des bonnes connaissances pour réagir de manière adéquate à de telles urgences.». Nous avons créé un comité pédiatrique pour la province, qui était en collaboration avec les pédiatres en Belgique pour échanger des connaissances sur les protocoles à suivre.  « Ici dans L’Est du Congo, nous avons un comité mixte de pédiatres, de généralistes et des infirmiers soignants. Nous avons fait cela à dessein parce que nos pédiatres travaillent souvent dans des hôpitaux mieux équipés. Les généralistes et les soignants ont davantage de connaissances de la réalité des hôpitaux de province. Ainsi, ils se complètent bien. »

Changement de paradigme

Les protocoles traitent d’abord des directives sur la manière dont ils doivent stabiliser les enfants qui arrivent en danger de mort dans les hôpitaux. A côté de cela, d’autres problèmes sont abordés, comme la prescription et l’administration de médicaments qui ne conviennent pas aux enfants ou les examens superflus qui entrainent des frais inutiles.  “Tout un changement de paradigme chez nos soignants a donc eu lieu dans les maternités et les services de pédiatrie. Grâce à cela, la mortalité infantile est entrain de baisser considérablement dans la province” La formation des soignants était suivie d’un trajet de coaching au cours duquel des pédiatres allaient évaluer sur place les protocoles mis en œuvre et apporter un encadrement dans la diffusion.

Engagement de capital humain

Entre-temps, la province essaie de faire reconnaitre les protocoles au niveau national pour que les pédiatres du Sud-Kivu puissent former le personnel soignant dans les autres provinces du pays. « Je suis très fier de ce que nous avons réalisé ensemble. » Avec Médecins Sans Vacances, nous avons un partenaire qui répond avec une vision à long terme à nos vrais besoins. La manière dont ils engagent un énorme capital humain en toute flexibilité et répondent précisément à nos besoins, est unique. L’appui que nous avons reçu lors de la recherche de financement est également remarquable. En 2016, celui-ci venait de l’Unicef, mais lorsque cette source s’est tarie, Médecins Sans Vacances nous a encore une fois aidés à trouver un nouveau donateur, et avec succès. Cela signifie beaucoup, aussi bien pour moi personnellement, que pour notre province et bientôt pour tous les enfants de ce pays. Chaque fois que je vais présenter notre projet dans une nouvelle province, je pense à Médecins Sans Vacances et à l’impact positif de taille que cette collaboration a amené. ».

Texte: Ann Palmers

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